Requiem en Droit Mineur

Ce texte est à lire en ayant bien à l’esprit cette marche morbide, mais si rappelez-vous :

Ta ta tata, ta tata , tata tata….Rythme : assez lent.

 

Ce midi, j’ai eu mes résultats de partielles. Au lieu de passer ma rage dévastatrice sur les civils peuplant les lieux immédiats, j’ai pris la résolution suivante : rester calme. Alors, je m’asseois et je laisse mes pensées dériver…

 

Je me vois entrant dans le hall de droit, vaste pièce d’au moins 30m de long sur 10 de large. Pour l’occasion, un tapis rouge sang s’étend sur toute la longueur, et un orgue immense est montée sur les passerelles du deuxième niveau. J’avance donc lentement, au rythme de l’orgue, jusqu’au milieu de la salle. Là, sur un autel : mes notes. Je les consulte, serein, et referme le cahier (refermer une feuille simple ça en jette moins !). Puis je lève les yeux pour découvrir Raoul, mon chargé de T.D, empalé sur un pilier, sur lequel est inscrit en lettres de sang ma note : 8. Des corbeaux entrés par le toit éventré lui picore les yeux et pour la première fois de sa…mort, l’individu semble maigre. Peut-être est-ce dû aux chiens errants venus lui dévorer les entrailles…

            En face de cette scène réjouissante,  Neuneu, un collègue de Raoul, est crucifié sur un pilier identique. Le sang coulant de ses mains et de ses pieds (noirs de crasse, les pieds !) forme un chiffre : 7,5. Les doubles-portes du fond du hall s’ouvrent, laissant s’avancer les deux professeuses (comme par hasard !) responsable du chaos. Les syndicalistes (vous savez : Unef-ID, Uni…les trucs qui servent à rien) s’avancent à leurs tours avec des code civil, des recueils de jursiprudence, etc… pour en frapper les deux traîtresses. Ils concentrent leurs efforts sur la tête. En bout d’un jour et demi de travail (ils se sont relayés), il ne reste plus que deux fines crêpes. Avec des couteaux sacrificiels, les délégués mettent à jour, arrachent, puis me présentent les deux cœurs (là j’hésite… des bouts de béton armé peut-être ?) encore palpitant, et je les dévore.

 

Remarque :  D’habitude la viande carnée c’est pas mon truc, mais là faut dire je suis énervé ! On ne me tiendra donc pas rigueur de cet excès de zèle.

 

            Une fois les deux chimères disparues, je me transforme soudain en démon hurlant avec la peau tout rouge et une queue en pointe (euh… tout compte fait, enlevez la queue !) et des ailes dans le dos. Je m’envole par le toit éventré, pour me rendre compte que le bâtiment est en fait au milieu de l’enfer, avec ses geysers de flammes et ses cris d’agonie. Je suis les pancartes marquées « Vengeance violente et incontrôlée » et arrive à une grotte de flamme où l’on m’assigne une salle de torture, et les quatres victimes. Un panneau digital chronomètre les secondes qui s’écoulent, et en-dessous est inscrit :

            «  Pas besoin d’heure, vous avez l’éternité »

            J’examine alors mes nouveaux jouets : roue, potence, plomb fondu, chaussure à soufre, chaise clouté, hache, tronçonneuse… Décidant de ne pas aller trop vite,  j’opte pour une simple batte de baseball et m’avance lentement vers mes victimes, sachant que le temps n’a plus d’importance…

           

            Après je me réveille, heureux d’un si beaux rêve et le moral remonté d’un cran. Si je me pose furtivement la fatidique question : « Suis-je normal ? », je n’y prête pas plus d’attention. Après tout, chacun sa thérapie.

            Vivement les partielles de Mai !

 

 

Sigma08