Sociologie Appliquée : Le Camping

Amis vacanciers, bonjour ! Euh, bon… je sais que là, à l’heure où vous me lisez c’est peut-être un peu fini les vacances, mais c’est pas grave ! Tout ça c’est dans la tête ! Bon, je m’égare encore… Retournons donc à nos moutons : les campeurs. En effet, les vacances sont l’occasion pour beaucoup d’entre nous de tester une nouvelle forme de vie : celle qui consiste à s’enfermer sous une chape de plastique tendue plus ou moins imperméable et planté au beau milieu d’un champ à peine aménagé pompeusement appelé « camping ».

Oui, le camping n’est rien de moins qu’un retour à la vie sauvage, rappel du mode de vie de nos ancêtres cro-magnons. Mais oui, rappelez-vous ! Il y a bien quelques souvenirs enfouis dans votre inconscient de ce temps béni où il suffisait pour se vider d’une crevasse un tant soit peu profonde, et pour s’essuyer un arbuste proche ; où les douches étaient synonymes de baignade dans la rivière ; et où les voisins sont aussi aimables que les bêtes sauvages que l’on croise parfois le soir…

Bref le camping, c’est beau, c’est naturel, c’est sain et équilibré, mais qu’est-ce que ça peut être lourd parfois !

I. L’installation :

C’est ici que se forme déjà la première digression. En effet, on dénombre plusieurs types de campeurs : les campeurs feignasses, les campeurs en famille, et les campeurs pauvres (comme d’habitude, ne vous étonnez pas si je généralise à mort, je vais pas non plus me mettre à trop réfléchir non plus !). Les premiers, qu’on assimilera généralement aux personnes âgées, aux jeunzes feignasses et fortunées, se logent dans des mobil-homes. Véritable maison de Barbie (ou d’Alizée, soyons moderne !), elles ont tout le confort moderne : TV, frigo, micro-ondes, lit, douches, masseuses… Bref, tout ce qui faut pour ne pas se faire chier, et garder les bonnes vieilles habitudes (et hop ! le Bolino au micro-ondes !).

Les familles de campeurs, elles, s’abritent généralement sous des édifications démontables en plastique dur communément appelée « caravane ». Oui je sais, vous auriez compris du premier coup, mais faut bien que je remplisse moi ! Donc, dans les caravanes, presque même combat : lit confortable, cuisine, chiottes et douches… C’est juste plus petit, mais y a généralement une extension en toile histoire de faire semblant d’être à l’air libre. On note d’ailleurs que ce mode de refuge permet encore d’amener des ustensiles modernes, comme des chaises et des tables.

Mais quand on arrive dans la catégorie en-dessous, de loin la plus répandue (enfin, dans les campings où j’ai été du moins…), alors la vrai aventure commence ! Plus de lit, plus de douche, plus de table ni de chaises… La terre devient votre siège, votre lit, votre table, vos WC… euh, peut-être pas quand même ! Les duvets remplacent les draps, le réchaud remplace le brûleur de la cuisine, et l’air vif du matin devient votre principal compagnon : vous êtes près pour votre retour à la vie sauvage ! Ce mode de vie, bien que forcément inconfortable, reste le plus dépaysant. C’est d’abord la joie simple de découvrir des plats délicieux : Raviolis, knacki/purée, choucroute, cassoulet… tout ce qui est susceptible de tenir dans une boîte de conserve, quoi. Et puis c’est également l’obligation de se lever avant 11h du matin en plein pendant les vacances. Il m’aura fallut au moins ça ou l’arrivée d’un Destroyer Stellaire pour y réussir ! Néammoins, j’ai encore pû noter une grande différence dans cette catégorie : ceux qui sont à pied ou en vélo, et les feignasses en voitures. Pour les premiers, ils optent (toute façon ils ont pas le choix) pour un duvet léger et un tapis de sol, tandis que les autres usent et abusent honteusement de matelas gonflable avec pompe à pied, et osent même parfois amener des chaises, des tables… Comme les caravaneux !

Et contre ça, je m’élève ! Ami tentiste (et non tantouse, bien au contraire), toi qui sait ce qu’est le vrai camping, toi qui connaît la signification de la célèbre expression « changer de colonne vertébrale au petit matin», toi qui boit ton lait sans chocolat ni sucre, toi qui tremble de froid en Bretagne dans ton Lafuma One kilo et qui crève de chaud dans le Sud (là, comme tout le monde)… Toi, oui toi, tout crotté et puant, exhibe-toi fièrement car en toi survis la flamme des conquérants, ceux qui n’ont jamais eu besoin d’une glacière pour boire leur Despé, et qui mange leurs conserves crues !!!!!

Passé ce paragraphe un rien véhément, je continue…

II. Le climat :

Ici, pas la peine de s’étendre. Au Nord, la pluie. Au Sud, les moustiques et la chaleur. Je sais pas si c’est moi qui suis jamais content, mais je crois qu’il n’existe aucun climat qui ne soit supportable sans un minimum d’injures envers le ciel, les oiseaux et… enfin, ce qu’il y a en haut, quoi. Personnellement, j’ai adoré baladé ma peau nouvellement bronzée sur la plage, avec les zolis piqûres de moustiques pile poil aux articulations des cuisses pour bien pouvoir me faire sentir chaque pas accomplis… Bref, ça ou sentir la citronnelle !

III. Les voisins :

Ah, en voilà un point passionnant ! Comme tant d’autres choses (le bus, la piscine… mais si, rappelez-vous !), le camping est un carrefour de culture. Mais attention : un carrefour à dimension internationale ! Allemands, Italiens, Hollandais… Toute l’Europe y à ses représentants. Bon évidemment, j’ai pas dit que la communication était évidente, hein… En tout cas, il faut aller au camping pour éprouver la joie de se faire réveiller à une heure du matin par de joyeux :

« -Ach nite Sttrublekinzitch !

-Ya, ya, cougan, cougan !

-Cougan !! Ich nibeselatch dimouratch lekurutchi !!!!! »

C’est assez approximatif, mais ça m’à quand même permis de confirmer une observation que je m’étais faites en écoutant mes voisins de douche : l’Allemand ne se parle pas, il s’aboie. Donc si vous voulez faire des progrès en langue (au sens propre, bande de porcs !), le camping reste la solution la plus économique. Enfin, ça dépend lequel…

IV. Les étoiles

En effet, j’ai découvert récemment une chose curieuse : le camping trois étoiles. Etrange institution que ce dernier. Premier choc : un parking qui commence 200 mètres avant le camping lui-même. Deuxième choc : des petits bracelets bleus à mettre pour entrer ou sortir. Autant de perdu pour la liberté de circulation mais autant de gagné pour l’assimilation avec les moutons ! Enfin, le troisième choc : l’équipe de sécurité. Oui, oui, sécurité comme dans SECURITY. Les pauvres. J’explique : imaginez donc une bonne douzaine de bonzhommes se relayant pour garder chacune des trois entrées de l’immense camping. Non content de leur donner le travail passionnant de vérifier que tout le monde à son petit bracelet bleu, la direction exige également un uniforme tout ce qu’il y a d’adapté au climat : c’est à dire un pantalon noir, une casquette et un T-shirt de la même couleur. Un pantalon ! Alors qu’il fait 25° dehors ! Les pauvres, vous-dis-je ! En plus à trimbaler leur Talkie-Walkie de 15 kilos ils vont se faire des élongations, les malheureux ! J’ai d’ailleurs également eu le privilège de croiser leur véhicule d’intervention, et un seul mot me vint alors à l’esprit : Magistral. Imaginez une voiturette électrique de golf, avec tout un bordel à l’arrière (extincteur, bombe aérosol anti-moustiques, crème à bronzer…), et conduite par un gorille d’environ deux mètres avec lunettes de soleil réglementaire sur les yeux.

Là, je me suis souvenu d’un petit camping municipal tout rikiki à Arradon, en Bretagne. Certes, il ne devait même pas avoir le 10e des places du camping du Sud (allez, je dénonce : La Brise, à Saintes-Marie-de-la-Mer), il n’y avait qu’un seul bloc sanitaire, mais au moins, quel tranquilité !

Evidemment, tout ce que je raconte ici découle de mon expérience toute personnelle, alors n’hésitez donc pas à compléter ces modestes observations par vos pertinentes remarques. Envoyez donc vos notes à Scandisk ou à moi pour faire évoluer ce passionant sujet !

Sigma08